Burn-out

Les médecins face au burn-out: "Burning out"

YOUNESS
16/11/2017
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Pour renforcer nos connaissances sur le burn-out qui touche les médecins et les chirurgiens et compléter notre article spécialement rédigé à ce sujet, notre équipe s’est donnée rendez-vous avec Jérôme le Maire, réalisateur du documentaire «  Burning-out ».


Ce documentaire montre que de plus en plus de médecins risquent de souffrir du burn-out.

Il a été tourné à l’hôpital Saint-Louis, à Paris. Pour le réaliser, Jérôme le Maire a accompagné pendant un an dans leurs tâches quotidiennes des chirurgiens et des anesthésistes travaillant dans cet hôpital.


Au fur et à mesure du documentaire, l’on découvre des problèmes organisationnels qui fatiguent les médecins, les chirurgiens, les anesthésistes et les autres corps de métier présents dans cet hôpital.

Un manque de personnel est également pointé du doigt. 


Dans une ambiance intimiste autour d’un café, Jérôme nous parle du burn-out, cette maladie qui touche les médecins mais également notre société dans son ensemble.

Il en explique les causes et nous donne quelques pistes pour essayer de résoudre ce syndrome de société.


Pourquoi avez-vous choisi de tourner votre documentaire sur le burn-out dans un hôpital public ?

JLM : "C’est arrivé un peu par hasard. J’ai basé mon documentaire sur le livre du philosophe Pascal Chabot intitulé « Global burn-out ».


Puis, Pascal m’a présenté au Docteur Mesters, fondateur de l’« European Institute for Intervention and Research on Burn Out ».


Ensuite, J’ai accompagné Pascal à une conférence à laquelle il était invité à l’hôpital Saint Louis.


J’y ai fait la rencontre de Marie-Christine, qui travaille en tant qu’anesthésiste dans cet hôpital et qui avait organisé cet événement et qui visiblement cherchait à faire éclore la problématique.


Ensuite, invité par Marie-Christine, je suis revenu à l’hôpital pour creuser un peu le sujet.


Assez vite, j’ai identifié Marie-Christine comme une « toxic handler », c’est-à-dire une personne qui agit comme porte-parole du milieu, qui informe le système qu’il y a un problème.

J’ai également pensé qu’un hôpital était un lieu formidable pour réaliser un documentaire sur le burn-out".


Pourquoi pensez-vous qu’un hôpital est un bon endroit pour tourner un documentaire sur le burn-out ?

JLM : "Un hôpital représente une mini-société : il y a de la technologie mais également l’exigence de faire du chiffre.


Même dans un hôpital qui est un lieu où le patient confie son corps, on demande de faire du chiffre.


Notre société est touchée par le syndrome de la rentabilité jusque dans un hôpital public, jusque dans le secteur des soins.


L’hôpital essaie de faire plus avec moins, mais si les médecins en souffrent et ne sont pas en forme, ils seront moins performants, cela va de soi.


Ces exigences de profitabilité, d’efficacité et de rentabilité distendent les liens entre les membres de notre société.


Le burn-out est le prototype de maladie qui caractérise notre société, une maladie du lien, un lien amenuisé, distendu.

Nous sommes tous connectés mais pas en lien les uns avec les autres.


On a inventé plein d’outils (ordinateur, internet…) mais on ne sait pas encore bien les utiliser ".


Selon vous, quels sont les risques liés à ces conditions de travail vécues par les médecins ?

JLM : " Notre système est performant et efficient. Mais cela se retourne contre nous quand on prend des décsions qui n’ont comme vocation que le rendement.


Et cela surtout dans les métiers du soin. Par exemple, quand on mutualise des blocs opératoires, et que comme à Saint-Louis, on arrive à 14 blocs en ligne et que tout le monde tourne dans tous les blocs, finalement, l’humain est déboussolé, il n'a plus de contacts avec les patients, ni avec ses collègues.


Quand on va trop loin, quand on pousse la machine humaine, elle s’adapte sans s’en rendre compte, elle dépasse ses limites, mais le danger est qu’elle peut aussi craquer


On voit assez clairement dans « Burning-out » que des tensions, de l’irritabilité et un manque de communication résultent de ces conditions de travail.


Les chirurgiens et anesthésistes ressentent une perte de sens dans leur travail, certains ont perdu la passion, beaucoup sont fatigués.


Le système organisationnel crée un manque de gratification pour les chirurgiens et les anesthésistes, comme pour le personnel non-soignant. Un chirurgien dans le documentaire parle même de « désenchantement du monde ». C'est le burn-out."


Quels sont les remèdes ou moyens de prévention que vous conseilleriez pour lutter contre le burn-out chez les médecins ? Un audit a été proposé comme solution aux difficultés rencontrées par l’hôpital Saint-Louis. Il s’avère que cet audit n’a pas été fructueux.

JLM : " L’appel d’offre pour cet audit stipulait noir sur blanc des objectifs visant à résoudre les problèmes de qualité de vie au travail donc à mon sens l’audit n’aurait pas dû se focaliser sur le côté financier.


Or, c’est précisément ce qui s’est passé. Les objectifs initiaux ont peu à peu été délaissés au profit de cibles uniquement financières.


De la qualité de vie au travail on est passé à l’analyse de l’efficience et à la recherche de la performance.

Le cabinet auditeur n’était pas formé pour travailler sur l’humain, le casting était mauvais.


On doit travailler pour remettre de l’humanité dans le système, remettre l’humain à l’intérieur du système. Il faut remettre le service autour de l’humain et ne pas toujours répéter qu’il faut faire plus avec moins.


Une société doit cultiver des valeurs que les gens partagent. Aujourd’hui, souvent les gens ne s’investissent plus car ils ne partagent plus de valeurs.


Les chiffres, l’argent, ce ne sont pas des valeurs. Il faut recréer du lien. Il faut reconnecter les gens entre eux dans leur environnement de travail. Cela permet de retrouver du sens dans ce que l’on fait.

On a l’impression que la qualité de vie au travail est une science molle.

Or, c’est fondamental !


Il faut attacher de l’importance à des petites choses, à la gratification des personnes et de soi-même, aux liens, à l’échange..."


Pensez-vous que les problèmes rencontrés par les médecins travaillant dans un hôpital sont semblables à ceux auxquels font face les médecins et chirurgiens dans le contexte d’une pratique privée ?

JLM : " Evidemment. Ce film est transposable aux médecins et chirurgiens pratiquant dans le privé, mais également à l’ensemble de notre société.


La problématique n’est pas restreinte au monde médical. « Burning out » est un documentaire sur la société."

Pensez-vous que notre logiciel Surgery Manager pourrait être un moyen de prévention du burn-out chez les chirurgiens ?

JLM : " Oui, un logiciel qui fait économiser du temps aux chirurgiens peut prévenir les causes du burn-out.


Mais pour cela, il faut que le temps que le chirurgien gagne grâce au logiciel soit consacré à créer plus de liens. Plus de liens avec le patient, la secrétaire, ses collègues…"


Si vous désirez en savoir plus sur le burn-out touchant les médecins, contactez-nous au +32 (0)2 588 55 88 ou via notre formulaire.




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